Mon prof est un masaaï !

 

Mon prof est un Masaaï. Il s'appelle Mathew.
Enfin, en réalité, c’est le prof des petits, de la baby class, de la class 1 et 2.

                                                                           

 
 

 
Moi, j’étais dans la class 5. Il y avait avec moi 2 des filles orphelines qui vivent avec nous et un autre garçon, nommé Abduli. Ils étaient très sympa. Sion (une des filles) a 12 ans, Rose (l’autre) en a 14 et Abduli venait d’en avoir 11.


 


 

 



Ici les classes ne sont pas constituées en fonction de l’âge des enfants mais de leur niveau. C’est pour cette raison que dans la même classe, le même niveau, un enfant peut avoir 14 ans et un autre 10. Ils finissent l’année en décembre et recommencent en janvier. À chaque fin d’année, ils passent des examens nationaux dans toutes les matières pour savoir dans quelle classe ils seront l’année suivante. L’uniforme scolaire est souvent très proche d’une école à l’autre. La plupart du temps, pour les garçons, c’est une chemise blanche, un pull en V et un pantalon. Et pour les filles, une chemise blanche, un pull en V, un legging ou de grandes chaussettes et une jupe leur arrivant en dessous des genoux. Elles n’ont pas le droit de montrer leurs jambes à l’école. Pour la couleur, elle diffère selon les écoles mais il y a toujours au moins une couleur du drapeau. 

 


Dans les écoles musulmanes, le voile (souvent blanc, bleu ou vert) est obligatoire. Quand j’ai su que j’allais aller à l’école, j’avais peur que ce soit une école musulmane car je n’ai absolument pas envie de porter le voile. Je trouve que personne ne doit être obligé de porter un voile.  

Ce que j’ai du mal à accepter, c’est les femmes portant le niqab ou la burqua ou les bébés et petits enfants portant un voile. La burqua est un niqab avec une grille ou un bout de tissu fin. Ce qui empêche totalement la vue de la femme. Je trouve que c’est un enlèvement de sa personne, de son identité. Tu ne peux pas savoir qui c’est, tu ne peux pas la reconnaître… C’est un non-respect de son identité. Pour l’instant, je n’ai vu aucune femme portant la burqua mais plusieurs portant le niqab. Pour venir en Tanzanie, nous avons fait une escale à l’aéroport de Doha. Toutes les femmes dans l’avion pour y aller portaient au moins le jilbab. Au Qatar, comme dans beaucoup de pays du Moyen-Orient (l’Iran, les Emirats, l’Arabie Saoudite…), le voile est obligatoire dans la rue et les lieux publics. C’est en partie pour ça que nous ne sommes pas allés au Qatar. Ce n’est pas le cas en Tanzanie (heureusement!) mais à cause ou grâce à l’influence arabe, beaucoup de femmes sont voilées. Surtout à Dar-es-Salaam et à Zanzibar. Zanzibar est une île où en moyenne 80 % des habitants sont musulmans.  


Mais revenons à l’école. Cette école est une école chrétienne, donc il n’y a pas de voile mais il n’est pas interdit. Sur une école d’environ une quarantaine d’élèves (filles ET garçons), 5 portent le voile. Ici, ils ont cours le lundi, le mardi, le jeudi et le vendredi de 8h à 16h. Le mercredi, ils finissent à 12h30. Nous, nous ne restons que le matin. A Zanzibar, les cours s’arrêtaient à 15h et ils allaient à l’école coranique. Ensuite, les garçons jouaient sur la plage et les filles apprenaient les taches ménagères (coudre, cuisiner, faire le ménage…) pour être de bonnes mariées plus tard. Une fois, après une grosse coupure d’électricité qui avait aussi coupé l’arrivée de l’eau, nous avons vu sur la plage, à côté des garçons, des filles jouant ! Nous avons demandé à Josh (voir rencontres sur l’oekoumène), pourquoi elles étaient là. Tout bonnement car n’ayant plus ni eau ni électricité, elles ne pouvaient plus rien faire chez elle et avaient pu aller s’amuser.




 

Le premier jour, maman est restée dans la classe avec nous toute la matinée. Elle nous a donné un cours d’anglais. Comme maman était leur professeure, les élèves étaient calmes et sages. Ils ne bougeaient pas, ne parlaient pas, répondaient seulement et timidement quand on leur posait une question.

Plus tard, les jours suivants, en restant seule avec eux dans la classe et en étant considérée comme élève à peu près au même titre que les autres, j’ai pu voir qu’en fait, ils n’étaient pas aussi sages qu’on le pensait. Dès qu’il n’y avait plus de « teacher » en vue et qu’ils n’avaient pas de travail à faire, ils se couraient après, s’envoyaient des stylos, jouaient quoi ! Ils venaient régulièrement à la fenêtre vérifier qu’un professeur n’arrivait pas et si c’était le cas, la personne postée à la fenêtre lançait : « Teacher ! » et tout le monde se précipitait à sa place et faisait semblant de travailler. Le premier jour seuls dans la classe, je les ai observés et à partir du lendemain, j’ai fait comme eux. 


Ils ont pour seules affaires 1 ou 2 stylo(s), un crayon à papier, une lame de métal qui leur sert de taille crayon, de ciseau, de règle… et parfois quelques crayons de couleurs et du papier à poncer (ne me demandez pas à quoi il servait, je n’en sais fichtrement rien et je n’ai pas demandé !). Je me suis alors rendu compte à quel point nos trousses et nos vies étaient superficielles. Avons-nous réellement besoin de tout ce qui se trouve dans nos sacs, dans nos trousses, dans nos placards, dans nos tiroirs, sur nos bureaux ? Non. Mais nous voulons nous faire croire que oui, que chaque chose a son utilité. Ce qui n’est pas faux, je suis d’accord. Seulement, nous pourrions tout à fait faire sans. Ce n’est pas indispensable à notre vie. Et moi aussi je suis comme ça, je le sais. J’ai beaucoup de choses auquelles je donne de l’importance alors qu’elles n’en ont pas. Après, nous avons aussi les choses auquelles on tient et dont on sait qu’elles n’ont pas d’importance, qu’elles ne sont que superflues dans nos vies, que nous n’en avons pas besoin. Mais dans notre cœur, elles en ont de l’importance, de la valeur. Qu’elles soient en or, en argent ou plastique, ces choses, on y tient.

Lisette 


 

Commentaires

  1. Merci Lisette de nous emmener si bien voyager avec vous !

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  2. Pour avoir plus d'informations sur les Masaaï, aller voir la rubrique "Le coin des enfants" !
    Lisette

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  3. Merci Lisette. Des constatations tres pertinentes. Tu vas apprendre des milliards de choses de cette experience!

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  4. Et le professeur, c'est le Leonardo local non ?

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  5. Bravo Lisette pour ces commentaires tellement intéressants et pertinents. Vous devez en voir des choses nouvelles !
    Profitez bien et continuez à nous raconter..
    Bises

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  6. Bravo Lisette pour ce beau recit qui nous fait vivre belle expérience.Gros bisous
    Christiane


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  7. Bonjour Lisette
    Contente de t'avoir lu, un peu comme si tu me racontais de vive voix.
    Bisous et j'attends le prochain avec plaisir 😃

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