Des étoiles plein les yeux, nous ré-embarquons à Arusha dans ce train dont nous nous sentons désormais coutumiers. Nous partons néanmoins de plus loin, portant le voyage à plus de 20h. Mais nous savons cette fois que nous pourrons dormir tranquilles, l’arrivée ne se fera pas avant la fin de matinée le lendemain. Les enfants retrouvent leurs marques dans le compartiment, qui se trouve être exactement le même qu’à l’aller : même impact dans la vitre, mêmes rideaux, mêmes tâches sur les matelas (vérification faite sur photos!). Nous savons cette fois à quoi nous attendre en terme de toilettes, de nourriture, de literie. Nous avons paré aux éléments manquants et sommes prêts à affronter ce voyage. La nuit s’annonce donc tranquille.
Néanmoins, les effets de tangage et de trampoline sont toujours aussi prononcés, sans que nous ayons réussi à élucider tous les mystères de cette kinesthésie bien particulière. Certes le balancement latéral semble s’expliquer par le fait que l’écartement des rails fait un peu moins de la moitié de la largeur du train, provoquant ainsi un subtil et perpétuel dandinement, tel un gros fessier sur un jambage trop étroit pour le maintenir dans le droit fil du mouvement. Quant au fait que nous sautons régulièrement comme des crêpes dans une poêle à frire, cela reste un vrai mystère… Le plus compliqué dans cette situation est de se retrouver aux toilettes (à la turc) dans ces périodes trampolinistiques. Imaginez vous : culotte baissée, jambes arquées, prêt à vous soulager. Tangage en règle, on s’adapte. Puis d’un coup : jumping twist ! Là, croyez-nous, il faut de solides muscles de cuisses et un amorti de champion afin de ne pas se retrouver dans une posture des plus délicates ! On vous raconte aussi ce qui se passe quand il s’agit d’emmener un enfant aux toilettes ou vous avez compris le tableau… ?
Finalement, tous ces
tangages peuvent aussi contribuer au bercement de nos chers petits.
Mais pas toujours. Lors d’un de ces soubresauts, Eglantine, d’un
seul élan, a rebondi de son lit… jusqu’au sol ! Plus de
peur que de mal heureusement, mais le reste de la nuit ne fut pas
très tranquille pour nous, semi-éveillés, prêts à bondir à la
moindre secousse pour récupérer un éventuel enfant projeté de son
lit par le brusque rebond de ce train animé... Un clin d’œil aux
ricochets de notre voyage ?
Arrivés à Dar Es Salaam, les horaires des trains étant très espacés, nous sommes condamnés à passer 5 jours dans la capitale avant de pouvoir prendre le prochain train qui nous conduira en Zambie. En même temps, c’est ce qu’il nous faut pour accomplir quelques formalités nécessaires au passage de la frontière. Et 5 jours n’auront pas été de trop ! Réalisation de tests Covid pour lesquels nous errons longtemps avant de trouver le bon endroit pas trop cher pouvant nous fournir les précieux documents dans le temps imparti. Obtention de visas nécessitant plusieurs passages longs et inutiles à l’ambassade de Zambie. Démarches bancaires multiples pour pouvoir payer lesdits tests et visas, ceux là ne se payant que par virement, ceux-ci uniquement en dollars…
Par ailleurs, nous tentons de gérer la saturation de nos enfants, et particulièrement d’Aliocha, qui semble profiter de cet espace de transit pour relâcher la pression, après plusieurs semaines intenses sur le plan relationnel et plus que précaire sur le plan du confort : les coups de blues sont nombreux et se fixent particulièrement sur la nourriture. Il faut dire que depuis notre départ de Zanzibar, nous mangeons essentiellement du riz, du chou, des haricots, de l’ugali (voir recette dans « Magimix et ratatouille »), des épinards, encore de l’ugali, du chou, des haricots, et du poulet les jours de fête. Nous profitons donc d’être dans la capitale pour dénicher des produits pseudo-français dans un grand supermarché (un semblant de fromage râpé, un peu de crème fraîche, des céréales industrielles…) et faire quelques repas qui ressemblent à la maison. On pousse même le bouchon en les emmenant dans un centre commercial où, après avoir dévoré des hamburgers, on trouve une papeterie qui vend des gommettes et des coloriages ! Le sourire revient un peu.
Nos tests covid en poche et nos promesses de visas sur nos téléphones, nous nous dirigeons vers la grande gare TAZARA (pour TAnzanian ZAmbian Railway), en saluant la Tanzanie pour le merveilleux accueil qu’elle nous a réservé pendant ces deux mois de voyage.
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