Bande de CAPRIVI

Nous embarquons finalement pour quelques jours dans la bande de Caprivi à bord d’une voiture de location. Il s’agit d’une fine lande de terre, qui tient sa forme originale de l’idée allemande de joindre les deux océans (cf carte article précédent). C’est aujourd’hui un petit bout de Namibie coincé entre le Botswana et l’Angola, qui pointe le nez vers les chutes Victoria. Une route traverse de bout en bout le parc national de Bwabwata, longeant le Zambèze puis l’Okawongo. La faune est très présente et il faut être prudent en conduisant pour ne pas heurter un éléphant, un zèbre ou un phacochère… Il faut aussi penser à rouler à gauche 😅 ! 

 

 

 Nous sommes saisis par le contraste entre des aspects tout à fait modernes (supermarchés, voitures récentes, routes en parfait état avec une signalisation riche, régulières aires de pic-nic qui sortent tout droit de la brousse, informations gouvernementales de prévention et de service public, absence de corruption….) et l’apparence tellement traditionnelle et sauvage de l’environnement général (huttes en boue séchée et toit de chaume, troupeaux domestiqués ou non qui traversent les routes…). 

 

 

 


 

 


 

 

 

 

 

De plus, malgré l’organisation des villages en concessions de plusieurs maisons, chacune comporte son petit lopin de terre clôturé, avec quelques plantations, et, élément esthétique tout à fait nouveau : ces petites cases en terre sont fréquemment ornées de massifs de fleurs.

 




La majorité des hébergements sont fermés en raison du Covid. Nous logeons dans un campement de tentes sur pilotis au bord du fleuve. Nous sommes absolument seuls. Le restaurant et la réception sont fermés, un gardien présent sur les lieux nous donne l’accès aux tentes. Ce qui d’ordinaire doit ressembler à une luxueuse oasis animant la brousse prend des airs de décor de cinéma délaissé après un tournage. Le site est assez incroyable. Les bruits de la nuit sont intenses : oiseaux, insectes et hippopotames brisent le silence en une remarquable cacophonie. La lune joue les réverbères. L’ambiance cinématographique est totale. 

 


 


 



 





 


Durant la journée, nous sillonnons les environs à la recherche de la vie sauvage. Nous sommes plutôt gâtés en terme d’antilopes, de phacochères, de gnous, de zèbres… mais les plus gros animaux se font discrets. On est en saison des pluies dans une région encore humide, les herbes sont hautes, les arbustes bien garnis, la visibilité n’est pas très bonne….


 

Kudu femelle et impalas mâles


Waterbucks




Grue caronculée et antilope des marais (sitatonga)




Phacochères

Grands koudous et impalas

Gnou et ses petits


Kalao terrestre



Hippotrague noir



Kalao à bec jaune

Grand koudou

 

 

Nids de tisserins



 

 


 

 

Nous rejoignons finalement la partie ouest de la bande de Caprivi, près de la petite ville de Divundu. Nous n’y trouvons qu’un seul hébergement disponible, fort chic mais ravissant ! Tenu par un allemand qui vit sur place, celui-ci a gardé la majeure partie de son personnel et tente de faire survivre son affaire en accueillant quelques touristes esseulés. Nous prévoyons d’y passer la nuit. Le site est magnifique, et Klaus le propriétaire est très accueillant. Etant donné l’isolement du lieu, petit-déjeuner et dîner sont inclus. Le repas est servi sous un grand abri de chaume au bord du fleuve. Klaus partage la table de ses invités, assisté de son ami Ralph qui espère s’installer définitivement en Namibie et loge aussi dans l’hôtel. On sent le faste des grandes époques touristiques : la table est dressée avec bougies, verres à vins, serviettes pliées en forme d’animaux, quadruple couverts, présentation du menu etc. Nous sommes obligés de faire un petit topo aux enfants qui ne sont pas habitués et commencent à tripatouiller la déco en faisant de bruyants commentaires « ah mais ils se sont trompés ! Ils m’ont mis deux fourchettes ! ». 

 

 







 

Le lendemain au petit-déjeuner, Klaus nous annonce que les grandes lignes de bus que nous pensions utiliser pour rejoindre Windhoek (la capitale) sont suspendues en raison du Covid et qu’il n’est pas raisonnable de faire plus de 1000 km en taxi brousse avec les enfants. Tracassé par cette situation, il nous propose de nous héberger à moitié prix (du prix covid déjà très réduit...) en offrant l’hébergement aux deux petits, pendant que Benjamin se rendra seul à Windhoek pour trouver une voiture et revenir nous chercher. La proposition est alléchante, nous l’acceptons. Les enfants sont fous de joie et Marie-Lucie se sent en sécurité ici pour jouer les mères célibataires. Nous nous séparons donc pour la première fois depuis bientôt 5 mois. Benjamin part seul traverser la moitié de la Namibie en taxi collectif.

 


 

Il arrive à Windhoek après 13h de minibus, attrape un taxi à la gare routière, lui indique quelques hôtels que le chauffeur ne connaît pas. Le couvre-feu approche, Benjamin simplifie en lui demandant de l’amener là où il connaît. Le taximan s’exécute. Benjamin arrive dans un hôtel où la chambre la moins chère est à 400€ ! Il remercie et demande au taximan de l’amener ailleurs. « Ah mais non, maintenant c’est le couvre feu, je dois rentrer chez moi ». La réceptionniste, compatissante, demande à Benjamin son budget « ben… maximum 25€…. ». Le taximan s’agite, il faut qu’il parte, et l’hôtel doit fermer ses portes. « Bon, c’est d’accord, vous pouvez rester pour 25€ ». C’est fou comme les contraintes liées au Covid génèrent des situations cocasses !

 

De leur côté, Marie-Lucie et les enfants profitent du site exceptionnel dans lequel ils sont hébergés, alternant balades, travail scolaire, éducation physique et sportive, plongeons dans la piscine… On peut dire qu'ils ne sont pas malheureux !


 

Salle de classe dans le restaurant


 

Séance gym en terrasse                                   



 

Athlétisme côté jardin


La patience est mère de toutes les vertus



 Klaus et Ralph sont adorables, s’enquièrent chaque jour de leurs besoins, et offrent à plusieurs reprises des sorties en bateau ou en voiture dans le parc de Bwabwata. Aliocha les inonde de dessins en remerciement de leur immense gentillesse. Si un jour vous passez par là, vous en verrez un dans le livre d’or ;)...


 

Le parc de Bwabwata sert aussi de réserve de chasse, phénomène que nous n’avions pas rencontré jusque là. Il y a en premier lieu la chasse de viande de gibier qui permet entre autre de nourrir la communauté et de réguler surtout la population d’antilopes. Donc, après avoir admiré les koudous, les impalas ou encore les zèbres, ils se retrouvent le soir dans nos assiettes ! L’autre versant de cette chasse est touristique : des étrangers fortunés viennent payer le prix fort (jusqu’à 80000€ l’éléphant) pour vivre un moment d’aventure. On a du mal à cerner les motivations d’une telle pratique : se plonger dans la peau d’un héros de western, revêtir avec nostalgie l’attirail d’un chasseur de l’époque coloniale, expérimenter la puissance dominatoire de l’homme sur l’animal ? Certains lions sont élevés dans le seul but d'être relâchés dans un enclos où les attend un chasseur prêt à tirer à bout portant. Difficile de comprendre. On vous invite à ce sujet à regarder le très joli film familial "Mia et le lion blanc". 

Ralph est vent debout contre cette pratique. Néanmoins, cela rapporte de l’argent aux gouvernements et à la population locale auprès de qui sont employés les chasseurs guides et à qui la viande est distribuée, les animaux abattus sont définis par avance, généralement malades ou en fin de vie. De plus, certains pays sont confrontés à une surpopulation (d’éléphants essentiellement) parfois difficile à gérer. La démarche interroge ou agace, néanmoins, et il serait intéressant d’en analyser les dessous tant du côté des chasseurs que du côté du gouvernement.

 

Girafe bicéphale

Gnous et grands koudous

Zébreau


Autruche mâle couvant les œufs

 

 

Antilope des marais




 










Ce qui devait prendre 3 jours à Benjamin en prend finalement 5, mais le jeu en vaut la chandelle. Par l’intermédiaire de l’un de nos contacts d’échange de maison à Windhoek, il dégote une voiture de location à un tarif défiant toute concurrence. Équipés de notre 4x4 avec tentes sur le toit et matériel de cuisine dans la caisse arrière, nous voilà parés pour un nouvel épisode de notre périple, nous plongeant dans l’âme d’explorateurs néophytes en quête de découvertes hors normes. Les chemins de traverse s’offrent à nous sans contrainte et en toute autonomie, l’excitation est à son comble ! Bon, toute l’activité touristique de la Namibie est organisée en ce sens, des aires de camping peuplent le territoire et les voitures de locations sont toutes équipées ainsi…. Il n’empêche, pour nous, c’est une petite aventure familiale qui vaut son pesant d’or !

 


 



Les distances sont longues et nous faisons parfois halte dans des coins sans grand intérêt, mais il y a toujours un Campsite pour nous accueillir pour la nuit. Ils sont généralement en pleine nature, pourvus d’eau et d’électricité…. et d’un braii (barbecue construit en dur) ! Les namibiens en sont fans, il y en a parfois plusieurs dans les maisons, disposés à différents endroits. On trouve de la viande délicieuse, nos repas sont loin d’être tristounets !

 


Sur la route qui nous emmène au célèbre parc d’Etosha, nous nous arrêtons voir une curiosité locale : au milieu de la savane gît depuis 80 000 ans la plus grosse météorite jamais découverte sur Terre. Cet énorme bloc de pierre est en fait composé presque exclusivement de métaux (principalement du fer), ce qui lui donne de jolis aspects satinés et un poids tout à fait impressionnant : 54 tonnes pour des dimensions plus modestes (3m de côté sur un mètre d’épaisseur). En soi, ce n’est rien de plus qu’un gros caillou, mais le savoir extra-terrestre et l’imaginer s’écraser ici le rend tout d’un coup beaucoup plus palpitant ! Nos petits archéologues s’en donnent à cœur joie pour deviner l’environnement existant lorsque la chute eut lieu : y avait-il des dinosaures ? Des hommes préhistoriques ? Des mammouths ? Était-ce l’ère glaciaire ? Cette visite est l’occasion d’une petite mise au point historique😉

 


 







 

Commentaires

  1. L'éléphant, si tu ne le vois pas arriver, c'est qu'il est rose !!!

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  2. C'est quoi l'animal sur le panneau 2 ? Vraiment très moche !
    Mimi

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  3. Merci pour toutes ces nouvelles. Ca fait du bien de vous voir ensemble vivre cette aventure.Bon Ben est un champion dans la nego d'une chambre pour la nuit. Je vais essayer avec les chinois mais c'est pas gagne... :) bises

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