Nous continuons notre traversée du désert vers l’ouest. La végétation semble n’être plus qu’un vague souvenir. La roche devient sableuse, le relief se tasse, le soleil brûle, la peau pique. Un vent froid venu de l’océan balaie l’air, nous évitant la surchauffe mais pas les coups de soleil !
Chacal à chabraque |
Toujours sans croiser aucun village, nous pénétrons dans le parc national de Skeleton Coast. Au bout l'océan. Une ambiance de bout du monde et d’isolement total nous enveloppe. Les dunes souples à l’est, l’océan agité à l’ouest.
Nos yeux sont sans cesse soumis au phénomène du mirage. Le paysage, sous l’effet de la chaleur, est en perpétuel changement. Dès que l’on s’approche, ce que l’on prend pour une nappe liquide ou brumeuse s’efface spontanément. C’est tellement surprenant que nous nous prêtons à de petites expériences avec l’appareil photo pour voir ce que l’objectif perçoit d’un point de vue technique. Eh bien exactement la même chose que nous !
Mirage |
Une seule piste traverse le parc, et on ne croise pas plus d’une voiture par heure. Des campements gouvernementaux permettent de faire halte tous les 150km environ, le choix est maigre !
La Côte des Squelettes est ainsi nommée en raison des nombreux bateaux qui y ont fait naufrage et y ont laissé leurs carcasses. 2 millions d’hectares de sable et de gravier font de cette côte l’un des endroits les plus inhospitaliers au monde. Fonds sablonneux, vents violents et brouillards fréquents contribuaient au funeste destin des navires. Une fois échoués, les marins se retrouvaient totalement isolés du reste du monde, et ne pouvant pas être secourus, ils mouraient dans le désert. A titre d’exemple, en 1942, un navire décida de s’échouer après avoir heurté des rochers un peu au large. Ayant prévenu de sa situation, un autre navire vint lui porter secours et tenter de débarquer la centaine de passagers prisonniers des fonds sableux à petite distance de la plage. Mais ce bateau fit également naufrage. On envoya alors un avion qui parvint à atterrir sur la plage, mais ne put jamais redécoller pour cause d’enlisement ! Des camions militaires vinrent finalement à la rescousse et mirent deux semaines à rapatrier tous les passagers à travers les 1000km qui séparent le désert de la civilisation.
A défaut de trouver des naufragés, nous tentons de secourir un couple de touristes enlisé dans une poche de sable humide aux abords d’un marécage. Bien trop enfoncés, nous ne pouvons rien pour eux mais restons à leurs côtés dans l’attente d’un secours plus efficace. On en profite pour se balader avec les enfants.
Eau saumâtre avec dépôt de sel |
Côte de baleine |
On croise même quelques otaries isolées sur la plage...
Finalement, du personnel du campement le plus proche (70 km tout de même) est averti et débarque avec du matériel adapté. Il leur faudra quand même plus de 5 heures pour sortir la voiture de la gadoue !
Nous prenons parfaitement la mesure de l’isolement du secteur:)
Notre longue traversée prend fin par la route du sel, sentier fait de roches concassées qui traverse des centaines de kilomètres de champs de sel exploités. Dans cette zone toujours aussi désertique, nous nous arrêtons pour admirer l'immense colonie d’otaries à fourrure de Cape Cross. Elles sont plusieurs milliers à s’installer ici pour dormir, mettre bas et s’occuper de leurs petits. Ceux-ci sont nés il y a 2 à 3 mois environ et sont vraiment très nombreux ! Ne sachant pas nager, ils restent sur la plage, pendant que les mères vont chercher du poisson dans l’océan. Malheureusement, beaucoup d’entre eux sont morts ce qui confère à l’endroit une ambiance macabre et dégage une odeur assez insupportable…. Les raisons de cette hécatombe sont multiples. Si les mères mettent au monde des jumeaux, elles ne sont pas en mesure de les nourrir tous les deux, le plus fragile meurt donc rapidement. De plus, certains sont un peu aventuriers et s’engagent dans l’océan sans en avoir les moyens. On les retrouve parfois sur des plages éloignées, incapables de revenir, appelant désespérément leur mère. Enfin, le poisson n’est tout simplement pas toujours assez prolifique.
Ici prend fin notre road camping trip !
Je suis impressionnée!
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