Saint Paul's College

A Windhoek, nous avons rencontré (par le biais d’amis de Swakop) une famille française. Clémentine est prof de français dans un collège privé de Whindhoek et elle m'a proposé de l'accompagner pendant deux jours au sein d'une classe. En Namibie les écoles publiques sont gratuites mais tous les enfants ne peuvent pas y aller car il faut quand même payer l’uniforme et le matériel scolaire. A Saint Paul, l’inscription est de 500 euros par mois plus l’uniforme et le matériel, ce qui est énorme par rapport au salaire moyen d’un Namibien. Il n’y a donc que des enfants de familles très aisées. 

 


Dans cette école les uniformes étaient très chics et cravates et tee-shirt portaient le logo de l’école ! Pour ce qui était des règles sur les vêtements, les filles n’avaient pas le droit d’avoir les cheveux détachés ni de porter de grosses boucles d’oreilles. Ils n’avaient pas le droit de montrer leurs épaules et la jupe de l’uniforme ne devait pas dépasser le genou. Quant aux garçons, il y a seulement peu de temps (2 ans à peu près si je me souviens bien) qu’ils pouvaient avoir les cheveux mi-longs. Avant, ils étaient obligés de les avoir courts et pour les rares qui aujourd’hui les ont longs, ils doivent comme les filles les attacher. Clémentine m’a dit qu’ils avaient fait un sondage pour savoir si les élèves préféraient porter l’uniforme ou leurs propres vêtements et ce qui en était ressorti était que la plupart aimaient l’idée de porter l’uniforme. Ça leur donne le sentiment d’appartenir à leur école et ça les rend fiers. 

 


 

 

En cours de Chimie, avec des blouses sur l'uniforme



 

Une fois dans l’année, le jour de « Independence Day », les élèves viennent à l’école déguisés. Je n’y étais pas mais une amie m’a envoyé après-coup quelques photos. Pendant ce jour particulier, dans toutes les écoles namibiennes, les enfants fêtent le jour de l’indépendance, le jour où on a signé l’indépendance de la Namibie, le 21 Mars 1990, dans un hôtel (Mount Etjo) où nous sommes par hasard allés ! C’est un peu comme notre 14 juillet à nous. 

 

 

 

Quand je suis arrivée le premier jour, j’étais très stressée, et j’ai dû demander à maman de rester avec moi jusqu’à trouver Clémentine. Devant le portail, il y avait un gardien (très sympa) qui prenait la température de tous les élèves avant qu’ils rentrent. On lui a demandé où trouver Clémentine et il nous a indiqué la réception. Nous avons trouvé Clémentine très facilement et elle m’a amenée à Danielle (son élève qui parlait français). Là, elle m’a parlé en anglais et j’ai complètement paniqué car je pensais qu’elle parlait vraiment français et en fait, elle me parlait en anglais ! La première heure, c’était une sorte de cours sur les règles du collège mais comme la prof ne faisait que parler (sans montrer de choses ou écrire au tableau…), je n’ai pas beaucoup compris. Pendant cette première heure, j’ai observé autour de moi, essayant d’enregistrer le plus de choses possibles sur la vie dans ce collège.

En sortant, je lui ai demandé (en anglais bien sûr 😉 ) si elle préférait qu’on parle en anglais ou en français. Et à partir de là, elle s’est mise à me parler en français ! Car en fait, même si ce n’était pas sa langue (elle ne le parlait pas couramment mais avait quand même un meilleur niveau que moi en anglais), elle comprenait tout ce que je disais (à condition de ne parler trop vite) et parlait assez bien !

Le deuxième cours était celui de français, avec Clémentine justement. Ça m’a soulagée de voir que tout allait bien, qu’il y avait des gens qui parlaient ma langue et que je retrouvais quelqu’un que je connaissais. Mais comme elle avait une française dans son cours, elle m’a fait venir au tableau pour que je fasse réviser ses élèves ! 😲 ! (ils avaient une évaluation le lendemain). Après, elle leur a donné un exercice et j’ai dû passer dans les rangs pour leur expliquer et les aider. Mais en même temps, même si j’étais très stressée, ça m’a soulagée car ça m’a un peu donné confiance en moi. Et puis en plus, à partir de là, Danielle m’a parlé en français tout le reste du temps ! Parfois, elle le parlait tellement bien que j’oubliais que ce n’était pas sa langue et lui parlait comme si elle était française ! 

 



En Namibie, les élèves n’ont cours que le matin, et dans cette école, ils font 7h-13h. Leurs cours durent 50 minutes, ils en ont sept par jour et 2 récrés, la première d’une demi-heure et la deuxième de 10 minutes. Durant la première, ils ont un goûter (soit ils en amènent un soit ils l’achètent dans la boutique de l’école). Le deuxième jour, j’en ai acheté un et la vendeuse était française ! A part moi, il y avait 3 personnes qui parlaient français dans le collège, Clémentine, l’autre prof de français dont j’ai fait la connaissance le deuxième jour, et cette dame ! 

Les élèves n'avaient pas de classes à proprement parler, ils avaient chacun un emploi du temps différent, et ils se retrouvaient  dans certains cours... exactement comme dans nos lycées français ! Je sais pas si c'est très clair, je vais essayer d'utiliser un exemple : imaginons que Jean a sciences, maths, anglais ; Marie a français, théâtre, anglais ; Philippe a sciences, théâtre, maths. Donc Marie va avoir un cours d'anglais avec Jean mais sans Philippe et un cours de théâtre avec Philippe mais sans Jean. Jean va avoir un cours de sciences avec Philippe sans Marie et un cours d'anglais avec Marie sans Philippe. C'est plus clair ??? 😕 J'espère ! 😋

 

À St-Paul, les cours de théâtre sont obligatoires, ils en ont trois par semaine. J’en ai eu les deux jours où j’y suis allée. Je trouve ça super, en plus, la prof était très sympa. Le premier jour, au cours de théâtre, j’ai joué une petite pièce où j’interprétais un greffier dans un tribunal, comme ça, il m’ont introduite dans leur pièce mais je n’avais pas à parler. Et j’ai aussi appris que c’était l’anniversaire de Danielle ! Je suis allée avec elle et sa meilleure amie chercher des gâteaux que son père a amenés. Quand je l’ai vu, Danielle m’a présentée et il m’a parlé en français. Je l’ai salué et là, il m’a dit quelque chose avec un très fort accent Québécois, je n’ai rien compris ! J’ai dû le faire répéter. Vous imaginez ?! Je parle avec quelqu’un qui parle français (ce qui n’est pas très courant dans ces contrées éloignées) et je ne comprends même pas ! Et c’est comme ça que j’ai appris que j’étais arrivée le jour de l’anniversaire de ma guide ! 

 


Deuxième jour :

Le deuxième jour, Nicole (voir Namibian Farmers) m’a amenée seule, elle a d’abord déposé sa fille, puis elle m’a accompagnée au portail, là, je lui ai dit qu’elle pouvait me laisser. Elle a été très chaleureuse, moins distante que d’habitude. Au portail, le gardien m’a reconnue et m’a dit que Clémentine m’attendait à la réception. À la réception, la dame m’a dit que Clémentine m’attendait dans son bureau, et elle m’a proposé de m’accompagner. Ça m’a fait du bien de voir que je n’étais pas toute seule et qu’il y avait toujours des gens prêts à m’aider.

Clémentine m’attendait dans son bureau et m’a accompagnée dans sa salle, où ses élèves avaient une évaluation de français. Je l’ai faite aussi, et ça m’a détendue (je sais pas trop pourquoi). Quand je suis arrivée ils étaient déjà tous installés mais n’avaient pas encore commencé.

Pendant la première récrée (avec le goûter donc), j’ai rencontré l’autre prof de français, qui était aussi très gentille même si, d’après Danielle, elle était plus sévère que Clémentine.

En cours de Maths, à un moment, un élève assis devant moi faisait passer des tics-tacs et en proposait à ses amis. Il en a donné un à Danielle et s’est tourné vers moi pour m’en proposer un. Je sais pas si il l’a fait parce qu’il se sentait obligé ou s’il avait réellement envie de m’en donner un mais en tout cas, ça m’a fait plaisir car ça m’a en quelque sorte montré qu’ils…, qu’ils m’acceptaient quoi ! Et que je n’étais pas une ‘‘intruse’’. Au cours d’après, deux élèves qui prenaient des cours de français se chamaillaient car l’un pensait qu’on disait « Je suis 13 ans. » et l’autre « J’ai 13 ans ». Comme Danielle parle assez bien français, ils en ont convenu qu’il fallait lui demander ! Mais un autre élève a plutôt proposé de me demander à moi qui étais française ! Ça aussi ça m’a fait plaisir car ça voulait dire qu’ils avaient fait attention à moi d’une certaine manière, qu’ils avaient retenu quelque chose de qui j’étais. 

 

 

 

La dernière heure de la journée, c’était un cours d’informatique, ils étaient censés continuer leur projet (ils étaient deux par projet) mais la prof était assise à son bureau, sur son téléphone, et ne faisait absolument pas régner l’ordre. Du coup, tout le monde faisait n’importe quoi et c’était très drôle. Moi j’étais avec Danielle et une amie à elle, Maja. C’est le cours où je me suis le plus amusée et ça m’a fait penser au collège, en France, et en sortant, mon propre collège m’a manqué. Et maintenant, j’ai envie d’y retourner, avec mes amis, mes professeurs, et l’ambiance du collège que j’aime beaucoup en fait 😊.

 

 

Une des choses les plus importantes que j’ai retenue de ces deux jours est que partout dans le monde, les ados du même âge ont les mêmes préoccupations et les mêmes centres d’intérêts (à peu près !).

 


 

 


Au portail, on s’est dit au revoir avec Danielle parce qu’on savait qu’on ne se reverrait plus. Je lui ai donné une petite lettre écrite en français et en anglais et elle un pins qui venait de son sac « Back yourself ».

J’ai retrouvé mes parents devant l’entrée et on est allés manger au restaurant où je me suis fait une joie de tout leur raconter (malgré les interruptions intempestives d'Aliocha et Eglantine).

 


Commentaires