Le Caire

Ça souffle, ça pique, ça klaxonne, ça grouille, ça s’agite, c’est gris, c’est grand, c’est nombreux, c’est pollué, c'est poussiéreux, c’est vivant, c’est chaud, c’est intense.

Loin, bien loin de la Namibie, de sa paisible capitale verdoyante aux 800 000 habitants, nous voilà propulsés dans la capitale d’Afrique la plus peuplée (23 millions d’habitants), avec ses immeubles à perte de vue, ses ponts routiers survolant la ville, ses touk-touks, ses chameaux, ses ânes, ses détritus, ses toits parabolisés, ses dédales de ruelles, ses vieilles automobiles. 

 

 

 

  
 

Ici on use plus de son klaxon que de ses phares, on transforme les deux-voies en quatre, on se faufile entre les voitures au rythme de la circulation effrénée… et on déguste la fantastique cuisine du moyen-orient, on plonge dans la cité des mille et une nuits, on lève le nez pour découvrir les façades sculptées et les milliers de minarets qui percent le ciel, on pénètre dans les cours paisibles des palais mamelouks,  et bien sûr on s'extasie devant les célébrissimes pyramides. On est à la fois dans le berceau de l’antiquité et dans le cœur vivant de la civilisation arabo-musulmane, croisée des chemins entre les cultures nord-africaines, chrétiennes et moyen-orientales.





 

 

 

Place El-Tahrir



 


 

 

Pigeons bientôt farcis

 

Ruelle dans le quartier islamique

 

Rencontres et vie urbaine

On eut pu croire que les relations humaines périraient sous l'oppression touristique. La rencontre n’en fût que meilleure 😎. A commencer par le douanier, son humour et son efficacité. Trois minutes montre en main pour les visas : un record. Sans chichi, sans question, sans suspicion. Soyez les bienvenus en Égypte. Combien de fois avons-nous entendu cette gentille phrase d’accueil ? Puis les immenses sourires aux yeux pétillants d’Ibrahim et d’Ahmed, les piliers du gardiennage de l’immeuble dans lequel nous investissons un ravissant appartement prêté dans le cadre de l’échange de maison. Et tous les voisins, les commerçants, avec leur flot de paroles accueillantes, leurs salutations quotidiennes, leur intérêt chaleureux pour Aliocha et Églantine, leur invitation à se lier, à se rencontrer. On ne compte plus le nombre de selfies qu’ils ont dans leurs téléphones avec Églantine dans les bras ! Un peu effrayée au début, elle s’en accommode désormais. Quant à Aliocha, il reste encore tout ému et tout fier de sa rencontre avec un policier qui lui a prêté son béret… et son talkie-walkie ! 

 

 

 

 

 


 



 Lisette, elle, se plonge dans la civilisation arabo-musulmane, a troqué ses shorts et débardeurs pour des jupes longues et chemisiers, et découvre le charme délicat de l’esthétique orientale.

 




Et nous, on se débat avec notre ignorance de l’arabe face aux grands discours visiblement chaleureux que l’on nous tient partout et aux indications bien souvent non traduites en anglais, notamment dans l’étincelant métro cairote.



On est en outre en plein Ramadan, ce qui nous fait baigner dans cette ambiance particulière de générosité et de partage boostant une vie sociale encore davantage animée. Dès 18h30, les gens s’installent, à même les trottoirs, au bord de leur voiture, à la porte des commerces, devant leur maison. La rue s’agite alors d’une sorte d’immense cantine populaire où tout le monde offre et reçoit. On nous tend à boire et à manger, et si l’on paraît pressé ou prompt à continuer notre balade, on nous confectionne à la hâte un sandwich de pain pita dégoulinant de viande en sauce délicieuse. Ne pensez surtout rien faire d’autre à cette heure ci !

 Alors oui, certes, quand on approche les sites touristiques, les petits vendeurs nous refileraient bien quelques pyramides made in China, les faux guides tentent leur chance, les vendeurs de bouteilles d’eau nous assurent combien on doit avoir soif, et quelques mendiants implorent notre pitié et notre portefeuille. Mais cela n’est peut-être pas plus terrible que de traverser le parvis de la Tour Eiffel !

Enfin, on débarque en pleine pandémie. Et ça dit quand même quelque chose de la singularité de notre passage en Égypte. Ce pays si visité se trouve aujourd’hui vidé de ses hordes de touristes, meurtri lui aussi par le covid. Nous profitons donc de l’immense richesse culturelle et patrimoniale de l’Égypte en étant dégagés de l’encombrant folklore habituel de files d’attente, de réservations compliquées, de patientes et illusoires tergiversations pour réaliser une photo dénuée d’un troupeau de touristes en visite guidée… Tout est vide, nous sommes quasiment seuls et profitons à plein de ces sites magiques dont regorge ce fabuleux pays.

  

Les Pyramides

Impatients de faire face à la seule des 7 merveilles du monde antique encore sur pied, nous initions notre parcours par la visite des pyramides, posées dans le désert, à fleur de la capitale. Le complexe funéraire de Saqqarah d’abord, qui comporte les plus anciennes pyramides (-2500 ans environ) à l’époque encore construites pour des raisons techniques en escalier («à degrés »)… par l'architecte Imhotep (les cinéphiles apprécieront). Nous pénétrons même dans la chambre funéraire de l’une d’elles, ce qui permet de mieux mesurer l’ampleur du travail architectural et l’organisation du rite funéraire. Les dessins intérieurs d'une des mastabas ont été remarquablement conservés et sont de toute beauté. 

 

Saqqarah

 


Descente dans le tombeau

Intérieur du tombeau du roi Djezer

 
 


 


 


 



 

La nécropole de Gizeh ensuite, qui comporte les pyramides les plus connues, du nom de leur pharaon : Khéops, Khéphren et Mykérinos (père, fils et petit-fils). Chacune est bâtie légèrement plus petite que la précédente pour ne pas froisser l’aïeul. Néanmoins, chacun de ces pharaons y a mis sa petite touche personnelle pour ne pas être en reste après l’exploit technique et symbolique de la construction de Khéops (146 mètres de haut à l'origine, 10 mètres de moins aujourd'hui). Et le truc avec le bout du nez cassé, à côté des pyramides, c'est le sphinx.

 


 









 

Et le truc à deux bosses, c'est un chameau....






 

 

Bâtisses et musées

Nous écumons également quelques musées, dont le récent musée de la civilisation, qui comporte de très belles pièces et notamment une vingtaine de momies, dont celle de Ramsès II. Faudra repasser pour le futur "plus grand musée du monde" (comme nous a dit une guide qui a quelques problèmes avec les mesures si l'on en croit Wikipédia...). On s'offre une petite visite au « Pharaonic Village », complexe-musée assez artificiel et plutôt destiné aux enfants, qui comporte des scènes vivantes et de nombreuses activités.

 

Vue depuis le musée de la civilisation

 

"Fouilles archéologiques" du Pharaonic Village




 
 

Malgré la fermeture de certains sites en raison de l’épidémie, nous parvenons à visiter également quelques mosquées et des villas luxueuses très joliment restaurées, offrant un aperçu de la confortable vie des riches bourgeois d’une autre époque !

 

Maisons Beit El-Sahaymi (17ème et 18ème siècles)


Cour de la maison Beit El-Suhaymi

Moucharabieh (pour voir sans être vue)



Intérieur du dôme ombrageant la cour





Mur entier en moucharabieh dans le haramlek, pièce réservée aux femmes





Mosquée Ibn Tulun (9ème siècle !)



Minaret (173 marches tout de même...)

















Maison-musée du Dr Gayer Andersen











Mosquée Mohamed Ali




Plafond en coupoles (avec les suspensions des luminaires)

 

 

Quartier islamique, Citadelle

Nous passons beaucoup de temps à déambuler dans les rues, bien souvent du fait de notre difficulté à nous mettre en route suffisamment tôt pour arriver avant la fermeture des édifices ! Bon, il faut dire que les horaires sont très réduits pendant le Ramadan, mais nous essuyons tout de même plusieurs ratés. On se fait alors, un peu malgré nous, embarquer par des guides improvisés qui nous conduisent le plus souvent chez le frère, l’ami, le cousin... et leurs jolies boutiques. Si une fois ou deux on a eu l’impression de pénétrer dans des ruelles coupe-gorge, on s’est finalement toujours retrouvés dans des balades charmantes, perdus au cœur de la cité. Nous avons reçu l’hospitalité de familles d’une extrême pauvreté urbaine, nous offrant des boissons fraîches alors qu’elles-mêmes en étaient privées en plein Ramadan. Certaines familles nous ont offert de partager leur repas ou nous ont conduits dans des restaurants de rue. Nous repartons chargés de cadeaux et de selfies. 

 

 

 

 


 

Pas toujours du goût de tous...


 


 

Quartier copte, vieux Caire

L’Égypte a connu une période judéo-chrétienne après l’ère gréco-romaine. Pendant plusieurs siècles et jusqu’à l’avènement de Mahomet, les égyptiens étaient orthodoxes. Il subsiste encore aujourd’hui une importante communauté chrétienne, qui s’élève à environ 10 % de la population, même si les chiffres sont très discutés. Il faut savoir que l’athéisme est réprimé... Le quartier copte est calme et aéré, comparativement au reste de la capitale, avec de nombreuses ruelles piétonnes, ce qui en fait un espace moins pollué et de ce fait beaucoup moins chaud ! Il y a quelques jolies églises très bien restaurées, et l’on peut visiter la « grotte » dans laquelle se serait réfugiée la Sainte Famille (Jésus, Marie, Joseph donc…) lors de sa fuite de la Palestine. Des messes sont encore dites en copte certains jours. A ce sujet, il paraît que Champollion s’est appuyé sur la langue copte (qu’il a donc dû apprendre) pour déchiffrer les hiéroglyphes. Sacré bonhomme tout de même ! Quelqu'un nous a aussi dit qu'il était le fils caché de Néfertiti, d'où son grand intérêt pour l'égyptologie. On ne peut pas vérifier toutes nos sources...

 

Église Saint Georges


Église El-Moallaqah dite "la suspendue"

 


Grotte de la Sainte Famille


 Nous embarquons maintenant pour 12h de train à destination de Louxor, ravis de rejouer les aventuriers du rail !

 

Gare Ramsès - Le Caire (photo piquée sur internet 😌)

 

 

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