Rencontres sur l’œkoumène

Œkoumène : (n. masc.) Ensemble des milieux habités par l'être humain.

Quelques belles rencontres

 

Ahmed, Luxor, Egypte

 

Ahmed et sa 405



 Parmi tous les chauffeurs de taxi que nous avons rencontrés, il y en a qui ont incarné cette incroyable hospitalité égyptienne. L’un d’eux, Ahmed, à qui nous consacrons ce petit article, outre nous avoir trimballés à maintes reprises dans son carrosse, une Peugeot 405 de 1976, nous a invités chez lui, fait rencontrer sa famille, et visiter sa maison. Sa femme nous a offert un délicieux thé à la menthe accompagné de bâtonnets de sésame et donné deux belles miches de pain juste sorties de son four. Ses enfants, intimidés par notre présence, n’ont pas accepté que nous prenions leurs jolis minois en photo. La maison d’Ahmed et sa famille (5 enfants de 7 à 21 ans) se compose de deux pièces au sol de terre battue recouvert par des nattes, l’une faisant office de salon-chambre et l’autre de salle d’eau (cuisine-sanitaire) et chambre également. Il n’y a que deux lits doubles qu’ils se partagent ou dorment à même le sol. Ahmed a le projet d’aménager deux autres pièces situées à l’étage, actuellement inhabitables, pour que son fils aîné puisse avoir un logement et projeter de se marier. En effet, en Égypte, un homme sans logement ne peut épouser une femme. Si celle-ci apporte son trousseau (linge de maison, vaisselle etc.), l’homme se doit de pouvoir offrir le gîte. Ainsi, de nombreux couples restent fiancés pendant des années faute de logement. Comme toutes les personnes que nous rencontrons, Ahmed attend, avec la fin du covid et le retour des touristes, des jours meilleurs. Conjuguant en temps normal une activité de chauffeur de taxi et de capitaine de felouque, il nous explique que son esquif est pour l’instant remisé derrière sa maison. On lui souhaite le meilleur pour la suite !


Nicole et Julie, Namibie

 

Nicole nous accueille (en workaway) avec sa fille Julie, dans sa ferme près de Windhoek, qu’elle projette d’agrandir en vue de recevoir les enfants handicapés des quartiers déshérités. Nicole a écrit plusieurs livres relatant sa vie de voyages et d’aventures humanitaires. Dans sa jeunesse, elle quitte l’Allemagne pour la Tanzanie, où elle rencontre son futur mari et père de Julie. Celui-ci est un jeune homme vivant dans la rue, à qui elle vient en aide, comme à beaucoup d’autres. Elle monte une association, qui prend de l’ampleur. Elle accueille des gamins des rues, puis oriente ses activités vers les enfants handicapés, qu’elle trouve encore plus démunis que les autres. Puis elle part quelque temps en Inde, où elle met en œuvre le même type de structure. Elle y élabore des partenariats entre les différents foyers, permettant à certains enfants de voyager d’un pays à l’autre. Enfin, elle quitte définitivement la Tanzanie après son divorce et s’installe en Namibie, où nous la rencontrons. Aujourd’hui, son association emploie de nombreux salariés et continue à se développer dans les 3 pays dans lesquels elle a tracé un bout de route. Nicole est restée pour nous une femme assez mystérieuse : à la fois très discrète et pourtant chargée d’une énergie insoupçonnée, sa vie est un drôle de bateau fait de déracinements multiples et alimenté par la générosité !


 La famille Peschen, Siavonga, Zambie

Tom et Joanna Peschen


      Adeptes de la vie en brousse, habitués à peu de confort et à une vie rustique, Tom et Joanna élèvent leurs enfants dans la religion et l’entraide familiale, tout en gérant avec énergie Eagle's Rest sur les rives du Lac Kariba depuis 2 ans. Leurs garçons sont très dégourdis, autonomes et participent au bon déroulement tant des tâches ménagères que du fonctionnement de l’hôtel. Par ailleurs, après une expérience peu concluante à l’école locale (l’un des garçons est rentré les mains lacérées car il avait dû couper de l’herbe pendant plusieurs heures après avoir raté un exercice de maths…), Joanna instruit ses enfants à la maison depuis une quinzaine d’années. Contrairement à la plupart des familles expatriées, ils n’ont pas de personnel de maison et sont adeptes du home-made : potager, poules, lait cru permettent d’adoucir le quotidien : fromages, crème, beurre, tout sort de leurs mains agiles pour notre plus grand régal. On vous livre très bientôt quelques-uns de leurs secrets dans la rubrique Magimix et Ratatouille.

        Il faut dire que Joanna a été à bonne école. Issue d’une famille d’origine irlandaise née en Zambie à l’époque coloniale (son grand-père maternel a été responsable de l’installation des réseaux radio de la BBC en Zambie) puis déplacée au Zimbabwe, ses parents ont vécu longtemps dans le faste de cette période. Joanna a ainsi passé les premières années de sa vie dans une belle maison coloniale avec de multiples cuisiniers, jardiniers et autres gouvernantes. Lorsque le Zimbabwe a acquis son indépendance en 1980, les tensions politiques et sociales ont contraint la famille à quitter brutalement le pays. Ils trouvent alors refuge en Afrique du Sud, où ils s’installent dans une ferme délabrée sans électricité, et bien sûr sans personnel de maison. La mère de Joanna, courageuse et créative, trouve des astuces pour améliorer leur quotidien après cette chute socio-économique brutale. Elle apprend à récupérer la crème du lait, à la battre dans un simple bocal à confiture fermé qu’ils font tourner entre toutes les petites mains de la maison afin de créer du beurre. Joanna fait ses devoirs à la lueur d’une lampe à pétrole. Les descriptions de cette partie de son enfance font penser aux tableaux de La petite maison dans la prairie… alors qu’on est dans les années 80 ! C’est ainsi que Joanna, dotée d’un tempérament frondeur, d’une énergie communicative et d’une incroyable joie de vivre, apprend à se débrouiller avec peu.

        Quant à Tom, il grandit en Allemagne et, avec la détermination qui le caractérise, parvient à obtenir le travail de ses rêves : s’occuper des éléphants. Il est embauché comme soigneur dans un zoo à l’âge de 17 ans. Trois ans plus tard, un terrible accident survient. L’une des éléphantes, connues pour être capricieuse, devient comme folle et s’en prend à lui. D’un formidable coup de tête, elle le cloue au sol pour ensuite faire des jongles avec son corps entre ses énormes pattes. Lassée, elle l’attrape et le propulse 20 mètres plus loin. Une rage envahit Tom, il se relève et hurle qu’il va tuer l’éléphante. Mais il s’écroule, victime du choc et de multiples fractures. Il survit de justesse à l’accident. Après plusieurs jours de coma, 2 semaines en réanimation, 2 mois d’hospitalisation et plusieurs mois de réhabilitation, il revient à son poste un an plus tard. Terrifié mais décidé à ne pas perdre son honneur et à conjurer le sort de l’accident, il retourne dans l’enclos des éléphants. Presque immédiatement, une éléphante surgit et se rue vers lui, toutes oreilles dressées. Pétrifié, il est incapable de réagir. Les images de l’accident se superposent à la situation. Quelque chose dans son cerveau le déconnecte de la réalité et le replace un an plus tôt, en plein cœur du traumatisme. Sa rage et son envie de tuer l’éléphante refont surface, il attrape un bâton pointu, se rue sur l’éléphante et la cogne de toutes ses forces. Celle-ci, apeurée, fait demi-tour et tente de fuir. Il lui attrape la queue, fou de rage, hurlant qu’il va la tuer. Elle se se réfugie, penaude, dans un coin de l’enclos, le traînant derrière lui. Ses collègues récupèrent Tom et tentent de le ramener à la raison. Il revient à lui, dans le réel du présent, apaisé. Dès lors, il entretient avec cette éléphante une relation tout à fait inédite et devient le premier européen connu à faire des numéros de cirque avec un éléphant d’Afrique. L’éléphante lui obéit au doigt et à l’œil, lui « fait la fête » quand il rentre de congés, il peut s’allonger au sol et lui demander de lui sauter par-dessus en courant… Passionné par cette aventure, il devient un véritable expert de l’éléphant d’Afrique.

        Dix ans plus tard, le zoo l’expédie en Afrique du Sud pour parfaire ses connaissances in situ. A la fin de son périple, il cherche un hébergement de quelques jours à Cape Town avant de reprendre son avion. Il visite une auberge de jeunesse dont la réception est tenue par la jeune et jolie Joanna. Troublé, il fait demi-tour, persuadé de mettre les pieds dans le pétrin alors qu’il sort d’une histoire d’amour douloureuse. Mais il revient, comme happé par l’envie d’en savoir davantage sur ce que peut réserver la suite de cette attirance. Il prend une chambre dans l’auberge, se renseigne discrètement sur la condition conjugale de Joanna et engage la conversation. Leurs échanges confirment son intuition, mais il reste sobre et ne tente rien, ce ne pourrait être qu’une histoire sans lendemain : le devoir l’appelle, son patron l’attend. De retour en Allemagne, il réalise qu’il ne cesse de penser à Joanna. La femme de sa vie, c’est elle. Alors, il fait le tour de ses copains, récupère l’argent qu’on lui doit, s’en fait prêter, racle les fonds de tiroir et achète un billet A/R Cape Town – Frankfort qu’il envoie à Joanna par coursier, avec un petit mot « je fais ça avec toutes les femmes que je rencontre. Tu peux me rejoindre ou jeter le billet, il n’est pas remboursable ». 15 jours plus tard, Joanna est en Allemagne. 25 ans plus tard, ils sont à Siavonga, à la tête d’une famille de 7 enfants. Belle histoire qui synthétise assez bien leurs personnalités respectives !

 

 

Sylvester et Joyce Kabati, Namanga, Tanzanie

A l’âge de 3 ans, Sylvester Kabati perd ses parents. Il est recueilli par une famille qui le scolarise et fait germer en lui l’envie de faire des études. Une grande intelligence et une remarquable force de caractère ont certainement aussi beaucoup aidé. Il passe son enfance dans un petit village près de Mwanza, au bord du lac Victoria. Nous sommes dans les années soixante, l’école la plus proche est à 25 km. N’ayant pas les moyens d’être hébergé sur place, Sylvester parcourt le chemin, pieds nus, matin et soir… Comment est-ce possible ? Eh bien… en courant ! 2h de footing, matin et soir, dès l’âge de 6 ans. Il nous confie combien il était fatigué, fourbu, combien il était difficile de suivre l’école dans ces conditions. Mais il tient bon, il s’accroche. Vers l’âge de 7 ans, il se blesse au pied et doit être hospitalisé pour une infection majeure. Le médecin qui s’occupe de lui est sans pitié, il gratte et nettoie l’infection sans anesthésie et sans se préoccuper du ressenti de l’enfant. Sylvester hurle de douleur, le médecin s’agace et le gifle. Sylvester est tétanisé, sa fureur gronde intérieurement et fait germer en lui une vocation : il sera médecin et s’occupera des enfants. Mais à sa façon.

Sa rage se transforme en pulsion de vie, il met toute son énergie à guérir puis à être un élève modèle. Son parcours scolaire est exemplaire, il réussit brillamment l’examen terminal et demande à entrer à l’université de médecine. Là, coup de théâtre, ses parents adoptifs le renient, au motif qu’il rapporterait au village toutes les maladies et infections qu’il allait croiser dans son travail. Gardant la tête froide, il poursuit son chemin, quitte le lac Victoria pour la capitale et entreprend ses études de médecine. Il devient médecin d’état, fonction qu’il exercera pendant quelques années. Puis, fatigué d’être sans cesse muté, il quitte la fonction publique et monte sa propre clinique dans la région montagneuse d’Arusha, en pays masaaï. Dans les années 80, il épouse Joyce qui lui donne deux garçons.

Quelque temps plus tard, une sécheresse durable condamne le peuple masaaï à une terrible famine. Plus rien ne pousse, le bétail n’a plus de quoi se nourrir. Comme souvent chez les peuples pastoraux, le bétail est l’unique richesse, c’est donc ce que l’on sacrifie en dernier. Les masaaïs laissent ainsi mourir leurs femmes et leurs enfants avant leurs bêtes. Un jour, Sylvester entend parler de deux enfants abandonnés dans ces conditions. De nouveau, la rage et le sentiment d’injustice génèrent une volonté sans pareille chez lui : il va les chercher, les soigne et les élèvera jusqu’à l’âge adulte. C’est le début de la longue épopée du Dr Kabati en pays masaaï. Des années durant, il fait des va et vient entre les villages masaaïs et son domicile, qui devient un genre d’orphelinat improvisé, où vivent nombre d’enfants délaissés ou abandonnés à leur sort d’orphelins. De là naît l’idée de l’école, ouverte en 1993, qui accueille d’abord « ses » orphelins puis les enfants de familles alentour, moyennant une participation pour celles qui le peuvent. A notre question « et si elles ne peuvent pas payer ? », il répond « eh bien on les garde… sinon les garçons retournent garder les troupeaux et les filles vont épouser l’homme qui a payé pour ça… je n’ai pas fait tout ça pour ça... ».

Avec les années, il semble que le Dr Kabati fasse néanmoins une petite « sélection » des enfants qu’il accueille chez lui, basée sur une sorte de pari de leur réussite scolaire future. L’idée est de leur permettre d’accéder à un autre avenir que celui que leur promettait leur condition d’orphelin masaaï. Ce n’est pas un orphelinat au sens charitable du terme, mais bien un lieu qui se veut offrir une chance à des enfants qui pourront en faire bon usage.

Par ailleurs, le Dr Kabati a réservé une pièce de sa maison comme salle de consultation. Tous les jours, il y a la queue devant sa porte, des masaaïs en piteux état qui espèrent guérison. Il soigne, sans relâche, malgré sa retraite.

Pendant ce temps, sa beloved Joyce dirige le foyer avec une incroyable énergie. C’est un des personnages féminins les plus marquants de notre voyage. Chaque jour, dès 5h du matin, apprêtée avec grâce et style, elle s’agite et donne des ordres dans toute la maisonnée. Il s’agit que la maison soit propre et rangée, que la lessive soit faite, que les enfants soient fin prêts pour partir à l’école à 7h, et que les cuisinières toutes réunies ne faiblissent pas en besogne : au-delà de toute la maisonnée à nourrir, Joyce prépare le repas pour l’ensemble des écoliers de la fondation (« autrement ils ne mangent pas », nous explique-t-on…) !

 

 

Pendaeli et Janeth, Arusha, Tanzanie

La famille de Pendaeli et Janeth est la seule que nous aurons croisée à deux reprises pendant notre séjour. A l’origine de nos liens avec le Dr Kabati et de notre virée dans les parcs nationaux, nous logeons chez eux à deux reprises, à la plus grande joie de nos enfants qui retrouvent leurs meilleurs copains du voyage. Bright, Brenda, Cynthia et leurs chers voisins Richard et Goodie ont réellement noué des liens d'amitié avec Lisette et Aliocha qui sont vraiment heureux de partager à nouveau quelques moments avec eux. Cette famille tient une agence de tourisme et plus particulièrement de safaris. Comme pour les autres, la période est difficile, et ils cherchent d’autres moyens de trouver des revenus. C’est finalement grâce à ça que nous les rencontrons ! En remerciement de leur accueil chaleureux, nous leur créons un compte Airbnb et leur promettons une petite vidéo promotionnelle grâce aux images du safari de 2 jours qu’ils nous ont concocté à un prix d’or. Notre Home Exchange s’est presque transformé en Workaway !

 

 

 

  

Hilary et Goodie, Moshi, Tanzanie

Les deux frères propriétaires de One Bike Tanzania à Moshi. En vrai, ils ne sont pas frères, seulement cousins, mais ont été élevés ensemble suite au décès des parents de Goodie. Leur bonne humeur, leur accueil, leurs efforts pour nous intégrer dans leur quotidien et leur ouverture d’esprit resteront des éléments clés de la réussite de notre séjour à Moshi.

Pour la petite histoire, un mois avant nous était accueilli le chanteur Manu Chao dans le cadre de Workaway. Il est venu passer 15 jours avec sa guitare, à donner un coup de main comme n’importe quel voyageur en rade financière qui cherche à se faire héberger. Le plus drôle c’est que ni Goodie ni Hilary ne le connaissait, pas plus qu’une seule de ses chansons !

 

 

 

 


Alexis

Alexis est un jeune workawayer français de 22 ans. Nous l’avons rencontré à Moshi chez Hilary et Goodie, les propriétaires de One Bike. Il est arrivé deux semaines avant nous et nous partageons le logement et la nourriture. Nous avons été ravis de rencontrer ce jeune homme, qui, en parallèle de ses études, n’hésite pas à partir seul à l’autre bout du monde en workaway !

 

 

 

En concert !

A notre arrivée à Moshi, en attendant le début de notre partenariat avec One Bike, nous sommes logés chez Anne, une jeune femme qui loue des chambres dans sa maison d’un quartier résidentiel. Elle aussi tient habituellement un commerce touristique actuellement en sommeil. Pour arrondir ses fins de mois, elle chante avec deux amis dans des restaurants deux fois par semaine. Les répétitions ont lieu à la maison et donnent à Benjamin l’occasion de participer. Lors d’un des concerts auquel nous assistons, Anne appelle Benjamin à jouer avec le groupe, sans aucune préparation ! Il est embarrassé, mais heureusement le public est peu nombreux alors il se lance. Et en retour nous avons droit à une chanson en français !

 

 

 


 Aldo

Rencontre très atypique avec Aldo : ce cycliste français parcourt le monde sur son vélo depuis bientôt 4 ans ! Parti de France, il a d’abord traversé une bonne partie de l’Asie puis des États-Unis. Après une escale de quelques mois au pays, il est reparti vers l’Afrique. Il dort dans sa tente et y cuisine pour se tenir à l’abri des bestioles peu amicales, lorsqu’il ne se fait pas inviter chez les habitants. Il transporte un peu moins de 60kg de bagages, dont 8l d’eau quotidiens. Son itinéraire tout comme ses récits sont incroyables. Sa traversée de l’Afrique du Nord au Sud puis retour par l’Est est tout bonnement miraculeuse. Son vélo aménagé pour l’aventure est un véritable objet de curiosité.  Lors de notre rencontre, il était sur le point d’atteindre les 50 000 km de pédalage… ça laisse rêveur. On vous laisse découvrir son blog et on en profite pour le remercier pour ces très agréables moments partagés avec nous sur sa route !

http://lemondemappartient.blogspot.com

 

 

 


Répression

Une jolie rouquine en voyage… Alors que nous nous rendons dans la région du Kilimandjaro en train, Lisette et sa crinière se font remarquer (nous sommes les seuls non-tanzaniens). En fin de journée, deux jeunes un peu éméchés lui tournent autour, tentent d’établir le contact et demandent gentiment à prendre des photos. Nous n’accédons pas à leur demande. Ils essaient alors de contourner l’interdiction en faisant semblant de se prendre eux-mêmes juste à côte d’elle. Pas dupes, nous nous montrons plus fermes et leur demandons de rejoindre leur compartiment, ce qu’ils font en s’excusant platement. L’incident nous paraît clos. Mais c’était sans compter sur l’autorégulation de la société tanzanienne et sur l’âme zélée des militaires censés veiller au bon déroulement de ce long voyage. Un moment plus tard, un militaire à l’impressionnante carrure débarque devant la porte de notre compartiment, tenant les deux lascars par le col. En prenant soin de nous en rendre témoins, il leur administre une sacrée raclée en les forçant à se tenir accroupis. Moment de grande violence fort désagréable que nous essayons d’interrompre en expliquant que le problème est réglé, que ce n’était pas grave... Mais les militaire et son comparse délateur (un monsieur du compartiment voisin qui avait assisté à la scène et était parti les prévenir) n’en ont que faire : ici on ne laisse pas la jeunesse se débaucher ainsi, c’est l’honneur de la Tanzanie qui est en jeu nous explique-t-on ! Nous serons désormais discrets en cas de petit problème mineur…

 

Josh, Zanzibar

Les temps sont durs pour les habitants des zones touristiques. A Zanzibar, Josh a appris la cuisine auprès de sa grand-mère, puis au contact de cuisiniers dans des restaurants où il se faisait embaucher. Aujourd’hui, il tient une paillotte sur la plage de Jambiani où il sert des repas aux touristes. Il y a 5 mois il a dû fermer boutique, faute de clients, tous confinés dans leurs pays lointains. Depuis, il tente de trouver des petits boulots pour faire vivre sa famille. Il donne un coup de main dans les champs, sur les chantiers. Mais c’est une période de vache maigre pour lui, sa femme et ses deux enfants. Notre rencontre avec Josh a été une aubaine pour tous : chaque jour, contre une petite rétribution, il apporte des ingrédients et nous donne un cours de cuisine. Derrière les fourneaux, sous ses directives, nous concoctons un délicieux dîner aux saveurs locales que nous dégustons ensuite tous ensemble. Aliocha le déclare « meilleur cuisinier du monde » et ne cesse de vanter les mérites des repas qui se succèdent. Samosas de poisson, maquereaux marinés, poulet coco, chapatis, galettes de pommes de terre aux épices, beignets de poulpe…. Promis on partagera les recettes ! 

 

 

 

 Nionjé, Zanzibar

     Nionjé et ses filles. Rencontré sur la plage de Jambiani, en allant observer les techniques de travail sur un chantier de rénovation d'un hôtel (on ne se refait pas !), je rencontre Nionjé qui chapeaute les ouvriers. Nous sympathisons rapidement et je lui explique que je recherche une maison à louer pour quelques temps. Celui-ci me propose alors la maison de son père où nous passerons un séjour idyllique à Zanzibar. En fait l'achat de maison par des étrangers est impossible ici, celle-ci a donc été construite par un couple de suisses sur un terrain appartenant au père de Nionjé. Ce dernier peut la louer à sa guise et en échange assure son entretien. Après un certain nombre d'années, la maison reviendra aux Tanzaniens.

    Nionjé passera régulièrement nous voir et prendre de nos nouvelles, puis partager nos repas et nous apprendre le kiswahili. Nous le quittons en ami.




Commentaires

  1. Echangerais recette de poulet kedjénou contre samosas et autres chapatis.

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  2. Passionnant ; je te remercie Benjamin de nous faire partager vos "escapades", tous les cours de géo ne remplaceront jamais de telles rencontres et découvertes. Prenez bien soin de vous.

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  3. Impressionnantes rencontres! Et quels paysages, quelles aventures en famille, mis en valeurs par des talents d’écriture et photographique indéniables! Il y a peut être quelque chose à faire de ce côté là Benjamin…
    Merci pour ces voyages et combien je vous envie et vous comprends…
    Sandrine

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